Même depuis l’Allemagne, on croit me (re)connaître.
Je fais la queue pour récupérer les billets au Giardini.
Une femme très souriante me saute dessus, m’enlace presque.
1/4 de seconde 1/2, je me sens vidée, je ne la reconnais pas.
Puis, elle me parle en allemand.
Je suis soulagée, je ne peux la connaître.
1/4 de seconde 1/2, je me suis dit qu’elle avait l’air tellement heureuse de me (re)trouver que j’allais faire semblant, pas envie de la décevoir.
Mais bon, le réel, mon allemand, ne pourrait faire illusion, même si j’ai bien compris qu’elle me savait française, mais ayant vécu des choses « ensemble » en Allemagne.
Certes, je pourrais me (re)trouver avec l’autoportrait de W.B :
« Pourquoi je ne reconnais personne, pourquoi je confonds les gens. Résolution de l’énigme. Parce que je ne veux pas être reconnu ; que je veux moi-même être confondu.»
W. Benjamin – Écrits autobiographiques – « Matériaux pour un autoportrait »
Pour autant, malgré tout, on me reconnait souvent, alors même que ce n’est pas moi.