l’Histoire qui revient comme réapparaît un fantôme

elle-foret
Vers cinq ou six heures, elle s’est réveillée, a ouvert les yeux. Le messager a dit qu’elle savait tout maintenant. Qu’elle n’oublierait rien. Elle avait appris ça de lui et c’était pour toujours. Comme quelque chose qu’elle avait en elle, une vérité qu’elle savait sans avoir jamais osé la demander à elle-même, la réclamer à elle-même. Oui, comme une vérité qu’on se doit tous à soi-même. C’était ce qu’il était venu chercher chez elle — ce qu’elle savait, ce qu’on avait toujours su. Lui ne pouvait rien vouloir d’autre. Il avait aussi appris d’elle. Ça il ne l’avait pas imaginé avant de la rencontrer. Il n’avait pas prévu d’apprendre autant d’elle, que, messager du souvenir, il ait son tour à recevoir un message venu des mêmes profondeurs, des mêmes oublis. Que son message n’ait pu passer jusqu’à elle qu’en recevant un autre message. Il a dit qu’il se sentait délivré du message qu’il portait.
A la fin de la nuit, ils ont quitté la maison ensemble, remonté la P. Strasse côte à côte, jusqu’à une voiture qu’il avait louée pour venir ici. Ils ont traversé Berlin et pris l’autoroute vers la Belgique. Elle ne lui a rien opposé. Elle l’a suivi simplement. Il ne lui a même pas demandé de venir avec lui. Ni l’un ni l’autre ne savaient où ils allaient. Ils partaient ensemble. Il y avait une raison à ça, probablement, mais ils l’ont oubliée immédiatement. On oublie toujours les raisons qui nous font tout quitter.
Il n’y a pas eu d’autres signes entre eux, pas d’autres réactions perceptibles, qu’un léger mouvement de tête, ou un clignement d’yeux, un soupir, marquant l’acquiescement définitif et absolu à leur histoire commune. p.112-113
Notre faute
Frédéric Boyer
P.O.L an 1997

Publié dans Lecture | Laisser un commentaire

sans fondu, en montage net, je me représente en un geste

roses

II

(sans fondu, en montage net, je me représente
en un geste — privé de précédents historiques —
d' »industries culturelles ».)

Moi, volontairement martyrisé… et
elle, en face, sur le divan :
champ et contrechamp, par flashes rapides,
« Vous — je sais qu’elle pense, en me regardant,
en plan moyen, de style italien,
toujours à la Godard — vous, espèce de Tennessee ! »
le cobra en pull de laine
( avec le cobra adjoint
qui écrème en silence du magnésium).
Ensuite fort : « Vous me dites ce que vous êtes en train d’écrire ? »

« Des vers, des vers, j’écris ! Des vers !
(maudite idiote,
des vers qu’elle ne comprend pas, ignorante qu’elle est
de la métrique ! Des vers!)
DES VERS QUI NE SONT PLUS EN TERCETS !

Vous comprenez ?
C’est ce qui importe : qui ne sont plus en tercets.
J’en suis revenu tout simplement au magma !
Le Néocapitalisme a gagné, je suis
sur le trottoir
comme un poète, ah [sanglot]
et comme citoyen [autre sanglot]
Et le cobro avec son stylo :
« Le titre de votre œuvre ? » « Je ne sais pas…
[Il parle maintenant à mi-voix, comme intimidé, assumant
le rôle que l’entretien, accepté, lui impose
de tenir : comme peu s’en faut
que son expression
ne se dégrade
en une grimace de bébé à sa maman condamné à mort ]
– peut-être… « La Persécution »
ou… « Une nouvelle Préhistoire » (ou Préhistoire)
ou…
[Et ici il s’emporte, il retrouve
la dignité de la haine civile]
« Monologue sur les Juifs »…

[…]

en temps et lieu
consiste, étrange !, dans un trajet en voiture…
méditations de soixante à cent vingt à l’heure…
avec de rapides panoramiques, et des travellings
avant ou arrière
sur des monuments significatifs ou des groupes
de personnes, incitant
à un amour objectif… de citoyen
(ou usager de la route)… »

« Ah, ah ! — [c’est le cobra avec le stylo qui rigole] — et…
qui est-ce qui ne comprend pas ? »
« Ceux qui ne nous appartiennent plus. »

Pier Paolo Pasolini
Poésie en forme de rose
Rivière poche an 2015, p.273

Publié dans Lecture | Laisser un commentaire

Pré-Nom extrême

lumieredujour
Le passeport DELPHINE (DELivrance de Passeports à Haute INtégrité de sécuritE) est un type de passeport français. Il comporte une zone à lecture optique, Contrairement à son prédécesseur qui contenait 32 pages, ce passeport contient 36 pages.
Il est désormais remplacé par le passeport biométrique, un passeport contenant sur sa puce la photographie numérisée de son porteur, son état civil ainsi que deux empreintes digitales, de nouveau de 32 pages.
Données
Ce passeport comporte les données suivantes sur le détenteur :
• Photographie imprimée,
• Nom,
• Prénoms,
• Sexe,
• Couleur des yeux,
• Taille,
• Date et lieu de naissance,
• Adresse,
• Nombre d’enfants

Système DELPHINE
Un système DELPHINE de fabrication et de gestion des passeports est décrit par l’arrêté du 22 novembre 1999 portant création par le ministère de l’intérieur d’un traitement automatisé d’informations nominatives relatif à la délivrance des passeports. Avant délivrance, les autorités consultent le fichier des personnes recherchées (FPR).

PS : Acronyme : Composé savant de acro- et -onyme. Tiré du grec ancien ἄκρος, ákros
(« extrême ») et ὄνυμα, ónyma (« nom »)

Publié dans Général | Laisser un commentaire

Danse, Danse, Danse

reine18
reine17
Elle sait très bien parler.
En corps, et en corps.

Publié dans Danse | Laisser un commentaire

Elle entend d’un coup.

duncoups

Publié dans Des plans | Laisser un commentaire

Est-ce que tu m’entends ?

reine1

Publié dans Général | Laisser un commentaire

Education

Z


J’adore quand Zelda m’arrose de ses suggestions.
J’espère qu’elle aimera vraiment danser.

Publié dans Danse | Laisser un commentaire

J’aime le présent et/ou Anima

michals-pasolini-1969


PPP de vive voix le 27 février 1972.
Est-ce qu’en 1969, qu’en Duane Michals a pris cette image, PPP avait déjà fait ce chemin ? Il aimait déjà le présent, il aimait plus la vie ?
Il a raison, en vieillissant on appprend [lapsus calami] à lâcher avec le futur, toujours angoissant, inhibant.
On apprend à s’écouter, vivre au présent.
PS : Primissimo Piano (PPP)
L’équivalent du Gros Plan. Encore plus proche que le Primo Piano (PP).
Il volto del soggetto riempie l’inquadratura, ed è generalmente tagliato sopra l’attaccatura dei capelli e a metà del collo (a volte il taglio è fatto partire dal mento). L’inquadratura è molto stretta e particolarmente cinematografica, consentendo di cogliere l’anima del soggetto. [vous permettant de capturer l’âme du sujet].

Publié dans Danse, Des plans | Laisser un commentaire

Vivement

Publié dans Des plans | Laisser un commentaire

Couleurs du jour

couleurRB
RB1

Publié dans Lecture | Laisser un commentaire

Je croyais que je n’aimais pas les zooms


Cela faisait longtemps que je n’avais pas eu envie de retenir.
Pour se souvenir de l’émotion.
J’aime la nuit au cinéma.
J’aime le montage et les mouvements de caméra.
Différentes temporalités en accord.
Le spectateur ne peut que lâcher prise.
Tennessee Williams pas loin, Lynch aussi.
Je croyais que je n’aimais pas les zooms.
Toujours pas sûre d’aimer Kim Basinger.

Publié dans Des plans | Laisser un commentaire

Arrivée du Pôle Nord

fabricerecto
fabriceverso
Heureusement, il n’y a pas longtemps.

Il faut voir…
jusqu’à quelle heure m’est-il possible de t’appeler ?
DES BISE ET BONNE JOURNEE… IL PREFERAIT SE DEGUISER EN CHAT POUR NE PAS AVOIR A SE MOUILLER…)
SMS le 4 juin 2014, 12H16

Publié dans à la fin | Laisser un commentaire

Chanson

Publié dans Coïncidence, Danse | Laisser un commentaire

Matière

LA-FICTION-2009

Publié dans Danse | Laisser un commentaire

Intérieur nuit

lune030515
Un nuage commença à couvrir le soleil, lentement, complètement. Gris. Loin.
Ulysse
James Joyce

Publié dans Général | Laisser un commentaire