Voix du narrateur et Cortex

– Prenons-là toutes les quatre, chacune par un coin, et chantons quelque chose de triste.
– C’est facile à dire, Effi, mais quoi ?
– N’importe, il suffit d’avoir des rimes en eur. Eur est une syllabe triste. Et nous chanterons:

Pleurs, Pleurs,
Ramenez le bonheur.

Et tandis qu’Effi sur un ton solennel entonnait cette litanie, elles s’assirent toutes les quatre sur le ponton qui se mit à osciller, descendirent dans la barque qui y était amarrée et laissèrent glisser lentement dans l’étang le cornet alourdi d’une pierre.
– Hertha, voilà ton péché englouti, dit Effi. Cela me fait penser qu’autrefois de pauvres malheureuses ont été jetées ainsi d’une barque, pour cause d’infidélité naturellement.
– Pas ici tout de même.
– Non, dit Effi en riant, ce ne sont pas des choses qui arrivent ici. Mais à Constantinople, et, j’y songe, tu dois le savoir aussi bien que moi, car tu étais avec nous quand Holzapfel le racontait au cours de géographie.
– Oui, dit Hulda, il racontait toujours des choses comme ça. Mais on les oublie vite.
– Moi pas. Je me les rappelle. p.31

Théordor Fontane
Effi Briest (1894, juste avant le cinématographe)
L’imaginaire Gallimard, an 2013

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De dos 3

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De dos 2

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De dos 1

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Prédelle

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PS : et j’ai fait avec joie des Cornes de gazelle

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Soit

2014-08-04 08.50.24
Come il navel plot beget gia echte impend me
(Come : Il provient
il navel : le nombril
plot : du secret
beget : de l’engendrement
gia : déjà
echte : la vérité
impend : est imminente
me : pour moi), soit :

Je baise when dun nuvoloso pourlèche la peau de mad mazel
(Je baise : je baise
when : quand
dun : gris
nuvoloso : orageux
pourlèche la peau de : pourlèche la peau de
mad : folle
mazel : planète), soit :

Seca nakhal or anglerum de maris lato assequi
(Seca nakhal : Le fleuve à sec
or angelorum : la lumières des anges
de maris lato : du côté de la mer
assequi : atteindre), soit :

p.424-425
Le cinéma des familles
Pierre Alferi
P.O.L
an 1999

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île

2014-08-04 11.16.53

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Lumière du jour

2014-08-03 17.08.54

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Avoir été toujours

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Et d’autant plus poignant qu’Alice semblait, contre toute vraisemblance, avoir été toujours ce qu’elle était soudain, dans une paix insolite chez une si jeune personne, et qui en imposait. C’est encore par cette paix que l’on accédait le mieux à sa nouvelle incarnation. Une beauté mate, antireflet, que l’on pouvait traverser sans la voir. Une paix tout sauf terne, pourtant. Paix d’une force inconnue, beauté d’une paix ardente. Je vis bien que la plupart des amis de passage ne remarquaient rien, repartaient en songeant à la rigueur qu’ils avaient croisé une image de fille sage pour son âge. Ceux qui avaient une seconde entrevu sa beauté, ceux-là en revanche ne voyaient plus qu’elle. Et de se demander quoi au juste, où dans son visage ou son corps au juste elle résidait. Cherchez donc : pour l’avoir beaucoup contemplée je puis affirmer que chez elle rien n’était « beau ». Aucun trait remarquable,
yeux : pas très grands pas bleus
bouche : pas très charnue
nez : pas mutin en trompette ni altier aquilin
pommettes : pas très saillantes
cheveux : pas très brillants
seins : oui non
épaules : pas très pointues
mains : pas très délicates
taille : pas très fine
hanches : pas très larges
jambes : pas très longues
pieds : (pas souvenir)
S’il n’y avait eu que ça, il serait plus juste de dire : Pas remarquable selon les critères de la femme canon ; mais il y avait plus. p. 406-407
Le cinéma des familles
Pierre Alferi
P.O.L
an 1999

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Quand, où, pourquoi et comment

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Partant de ces données vous pourrez noter ici avec Duns Scotus l’Ecossais dès mes premières remarques que la sophologie de Bergson comme tirée par dessous par un besoin purement sous-jacent n’est cependant pas dénuée des valeurs caractéristiques de la monnaie courante, empruntée pour la plus grande partie finale des fluctuations de Dame Fortune, notre bonne mère à tous (qui la pluProust du temps se perd à plaisir dans notre recherché, un peu trop décrit n’est-il pas vrai, Scotus ?) et tout comme j’aurais pu vous le dire en décibels plus ramassés dans un discours pailleté de behavioristique avec un rien de vernis homoïde-icidant qui n’est opéré en réalité que par ridiculisation au hasard du Who’s Who (ooh, hoodoodoo !) et de la théorie d’Einstein sur la structure fine des petits mouvements. Mais mettons tout cela un peu plus clair pour que ce soit plus sombre. Les formes du langage ne sont qu’une cour des suppléants. Alors que la qualité et talité (j’exploserai en son temps ce qu’il faut entendre par là, quand, où, pourquoi et comment dans une sentence subséquente) sont alternativomomentanément arrogation et érogation, comme peut l’être tout point d’interrogé. p.235
Finnegans Wake
James Joyce
Editions Gallimard, Folio an 1982

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Amin !

2014-07-28 17.54.26
Réponse : lorsque je tourne mes nerfs optiques et me place d’un point de vue purement urbain, c’est ma filiale intime conviction, et je la contemple avec fierté, que le pontificator et circumvallator dort avec sa dame à son côté dans la nuit volubile. Ann alive zézaye, chuchote comme l’air grégeois des montagnes, les berges d’Icelande se fondent dans ses vagues de feu, mêlant dactyles et spondées de ses ondes qui se répondent, et les ondines de ses cheveux sombres font rendre gorge à la rage d’Ossian, qui se met à genoux et boit à même sa lyre en longs traits ! S’il est de Danu, Ann est son frère, s’il est simple elle se fait pure, s’il est vain, elle le flatte de ses courants d’eauburn, ses cajoleries coquettes, ses drôleries dublinoises, pour émécher son désir ou étancher ses rêves. Si la flamme d’Hammurabi ou le froid Ecclésiaste pouvaient épier ses espiègleries, ils se dresseraient d’un bond, renonceraient aux ruines et dénonceraient les actes de leur vie pour habiter à jamais et pour toujours le lierre et la rivière, paraboles de ses nuits. Amin !
p.219-220
Finnegans Wake
James Joyce
Editions Gallimard, Folio an 1982

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En Live à Rochefort

2014-07-21 23.00.37

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erre-revie

finnegans wake
Ci la fin. Comme avant. Finn renaît ! Prends. Hâte-toi, enmemémore-moi ! Jusqu’à ce que mille fois tes. Lèvres. Clefs de. Données ! Au large vire et tiens-bon lof pour lof la barque au l’onde de l’ […] erre-revie*, pass’Evant notre Adame, d’erre rive en rêvière, nous recourante via Vico par chaise percée de recirculation vers Howth Castle et Environs.
PARIS,
1922-1939.

p.924-19
Finnegans Wake
James Joyce
Editions Gallimard, Folio an 1982

*riverrun, premier mot s’enchaînant sur le dernier du livre, annonce la nature de Finnegans Wake, qui n’est qu’un chant (amhran, prononcer « averâne » en gaélique) et un souvenir (erinnern). C’est la rivière de la vie, Liffey, que Joyce décompose en life et fay. La renaissance du livre ambitionne une réincarnation de son auteur à travers son lecteur.

FOURAS,
20-29 juillet.

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En live pour ses 15 ans


Pour elle


Pour moi

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Ma belle fleur sauvage des haies

James Joyce & Nora 1931
2 décembre 1909

Ma chérie, ne sois pas offensée de ce que j’ai écrit. Tu me remercies du beau nom que je t’ai donné. Oui, ma chérie, c’est un joli nom que je t’ai donné. Oui, ma chérie, c’est un joli nom « Ma belle fleur sauvage des haies ! Ma fleur bleu sombre trempée de pluie ! »Tu vois je suis encore un peu poète. Je te donne aussi un charmant livre cadeau : et c’est le cadeau d’un poète à la femme qu’il aime. Mais, à côté et à l’intérieur de cet amour spirituel que j’ai pour toi il y a aussi un désir sauvage et animal pour chaque centimètre de ton corps, pour chaque secret et chaque partie honteuse de ce corps, pour chacune de ses odeurs et chacun de ses actes.

3 décembre 1909

Ce n’est pas moi qui t’ai touchée le premier il y a longtemps à Ringsend. C’est toi qui a glissé ta main lentement à l’intérieur de mon pantalon et qui as sorti ma chemise et as touché ma bitte de tes longs doigts qui me chatouillaient et qui peu à peu l’as sortie entièrement, toute grosse et raide qu’elle était, dans ta main et m’as branlé lentement jusqu’à ce qu’elle gicle à travers tes doigts, et pendant tout ce temps tu étais penchée sur moi et tu me contemplais de tes calmes yeux de sainte. Ce sont tes lèvres qui ont pour la première fois prononcé un mot obscène. Je me souviens bien de cette nuit au lit à Pola. Une nuit lasse d’être allongée sous un homme tu as déchiré violemment ta chemise de nuit et tu t’es mise sur moi pour me chevaucher nue.

James Joyce
Lettres à Nora

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